L’espace pour seul refuge

Par où commencer ? Pour être honnête, le cinéma de Damien Chazelle m’indiffère totalement et ne m’intéresse pas. Je n’ai pas vu Whisplash (qui en a mis plusieurs sur le cul) et surtout Lala land, comédie musicale ultra ovationné mais qui m’indiffère totalement. Mais je dois avouer que First man, un genre qui ne se prête, à priori, pas à Damien Chazelle était intriguant (mais je serai allé voir le film en trainant des pieds ou alors en y allant en mode « bordel y’a rien au cinéma »). Surtout que la bande-annonce laissait présager une sorte de blockbuster biopic rempli d’action. Mais le casting, avec Ryan Gosling et Claire Foy, m’intriguait. Bref j’y suis allé et j’en suis ressorti…mitigé.

First Man

FIRST MAN de Damien Chazelle

Avec Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke

Note : 14/20

Synopsis: L’histoire raconte, du point de Neil Armstrong, l’opération Apollon 11 et les fameux 1ers pas de l’homme sur la lune (et je dis bien homme et non américain, j’y reviendrai plus tard).

Déjà je dois dire que le film est visuellement beau, certains plans sont époustouflants, bien trouvés et traduisent parfaitement le point de vue de Neil Armstrong, son être intérieurs, ses démons, son trauma. La réalisation de Damien Chazelle épouse parfaitement la compréhension et l’envie de démystifier un personnage iconique que fut Neil Armstrong. Dans FIRST MAN, Neil Armstrong est vu comme un homme simple, un simple homme.

Ryan Gosling, qui aux premiers abords m’est apparu totalement méconnaissable pendant les premières minutes du film, insuffle une vulnérabilité que l’on n’avait pas vu jusqu’alors (en tout cas moi) dans ses précédents films.

Ensuite il y’a la femme de Neil Armstrong, Janet, sublimement interprétée par Claire Foy, qui derrière une apparence frêle dégage une force de caractère qui non seulement fait contre poids avec les autres femmes du film qui font très effacées et toujours à l’ombre de leurs époux mais qui se montre l’égale de ces costards cravates.

Et il y’a aussi Jason Clarke, agréable surprise, qui aux premiers abords est un type détestable devient un homme d’une humanité et d’une sensibilité, pas à fleur de peau mais qui comprend la psyché de Neil Armstrong et cherche par tous les moyens à le tirer de sa solitude mélancolique.

Après on retrouve le cliché habituel de l’ingénieur surdoué tourmenté par ses démons intérieurs et son obsession quasi maniaque du travail. Mais bon s’il n’y avait pas ces petits clichés on aurait du mal à s’identifier et à comprendre le personnage de Neil Armstrong.

Après dans les défauts, mineurs, un sur découpage par moment épileptique et une lumière blanche blafarde et aveuglante qui m’a fait sortir du film ; bien que je comprenne que pour Damien Chazelle il était important de traduire le chaos qui règne dans un cockpit tout en démontrant des capacités surhumaines de garder le contrôle dans un environnement hostile et technologique. Mais je pense que l’on pouvait traduire la chose différemment.

Ensuite le 2èmedéfaut que j’ai pu voir ce sont ses scènes intimes de la famille Armstrong qui semblent singer Terrence Malick, ces moments (encore clichés de la petite parfaite famille américaine)  bien qu’ils fonctionnent au tout début du film (zt qui donne toute la dimension dramatique, humaine de Neil Armstrong) font ensuite fake et font sortir quelque peu du film puisqu’on se dit « Tiens Damien Chazelle fait son Terrence Malick » (d’ailleurs Terrence Malick aurait adoré faire ce film, j’ne suis sûr et cela sur plusieurs points).

Mais dans ‘ensemble First Man est un chouette film de SF qui a aucun moment ne cherche à simplifier son propos, son dialecte de physique astronomique ou son charabia sur la mécanique.

Avant de conclure, revenons sur une polémique qui a suivi la projection de First Man aux États-Unis. Elle intervient à la fin du film, quand Neil Armstrong et Buzz Aldrin posent le pied sur la lune. Certains ont pointé du doigt le fait que l’on ne voit pas le drapeau américain planté sur le sol lunaire ! Et bien pour tout dire cette polémique n’a pas lieu d’être puisque au vu de ce que je viens de dire l’histoire ne se concentre que sur des hommes et cela à une échelle uniquement humaine et non à échelle mondiale ou à échelle historique, car tout est réduit à un homme seul qui fait face à ses démons et qui trouvent enfin la paix qu’il cherchait.

En conclusion bien que First Man soit un film qui m’a laissé indifférent, je ne peux m’empêcher de louer sa technicité, ses interprètes excellents et de beaux moments. Reste que notre esprit, notre tête ont le droit d’un peu d’évasion et de poésie ; et rien de mieux que l’espace, un lieu inconnu et mystérieux pour cela.

Alexis du Ciné@lex     

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